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Deux fois le même poisson, un même combat

Prendre un poisson deux fois est courant quand on pêche plusieurs fois les mêmes eaux. Parfois à deux jours d'intervalle, parfois à plusieurs années d'intervalles. Les quelques fois où cela a pu nous arriver, le combat pouvait varier en intensité. Ce poisson de rivière capturé deux fois en l'espace d'un an à 100m près, m'a livré par deux fois des combats à classer dans le top 10 de mes captures françaises.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Capturé par deux fois lors d'une montée de débit, ce mâle surpuissant m'a livré deux combats excessivement intense qui sont passés à deux doigts d'une perte. Une fois en octobre 2008, la deuxième fois en novembre 2009.

Octobre 2008

Pour les vacances de la Toussaint et la dernière session longue de l'année, j'ai prévu deux parties de pêche: une rivière que je souhaite découvrir en profondeur et l'autre sur le Rhône méridional. En général, le temps est encore clément sous ses lattitudes... Mais c'était sans compter sur cette sacré année à 13 lunes...

Un premier déluge le 20 octobre gonfle tous les affluents de la vallée du Rhône. Le Rhône en aval de Valence est en crue. J'avais prévu de pêcher dès le 24 le bas Rhône puis la rivière. Au vu des débits, je décide de passer queqlues jours dans ma famille non loin des deux eaux convoîtées, d'autant qu'une bronchite me tient depuis déjà une semaine. En arrivant, je m'apperçois que la rivière qui crachait 2000m3/s (!!!) 48h auparavant a déjà bien baissé. Le temps est au beau fixe. Je décide d'amorcer un coup avec 2kg d'un mélange de graines et du Frolic sur un bief que je soupçonne fortement d'abriter de belles carpes. Pour tout dire, j'ai commencé à pêcher la carpe non loin de là il y a une vingtaine d'années. Si à l'époque, je prenais des carpeaux jusqu'à 3kg avec des méthodes traditionnelles, j'en avais vu d'autres un peu plus grosses. Toujours est-il qu'il y avait longtemps que je voulais revenir sur mes "terres d'origine" pour pêcher la carpe. Avec un état de santé plus que fébrile, je ne ferais pas les nuits mais seulement deux matinées. De toute façon, je sais qu'en journée, les carpes ne sont pas très mordeuses dans l'eau claire de cette magnifique rivière.

Au petit matin, je m'installe rapidement avec juste deux cannes dans le noir. Les lignes sont eschées de 3 grains de maïs allégés et du Readymade mélangé avec du maïs les recouvre, ainsi que le plomb. En arrivant, l'eau était brassée, des vaguelettes s'étalent un peu partout sur le coup. C'est bon signe d'autant que le maïs laissé en bordure la veille a disparu. Pourtant rien ne se passe durant deux heures. Peu de poissons se manifestent en surface. Mais je reste confiant car je sais que les carpes de ctte rivière sont très discrètes et particulièrement méfiantes.

Le soleil monte par dessus la végétation en rive opposée et commence à taper la berge. Je commence à ne plus y croire. Alors que je me suis éloigné des cannes vers 9h00. Un son strident résonne dans la vallée. Bon sang, le coup est infesté d'arbres morts et moi je m'éloigne au mauvais moment,'bécile. Quand j'arrive près des cannes, je me rends compte que c'est celle en bordure qui crache du fil à un vitesse folle. C'est la panique, je prends contact. La banière part en fait vers la berge opposée. Le courant est encore fort et j'ai l'impression d'avoir un train au bout de la ligne. J'ai beau brider au maximum, rien à faire. Le poisson tire et tire encore. Bientôt ma banière est en travers de toute la rivière qui fait 70m de large. Je vois même les branches basses des arbres d'en face s'agiter au bout de mon fil. Je n'ai pas de bateau, il faut que çà se dégage tout seul... Je plie la Beast Master au maximum. Finalement, le poisson est contraint de faire demi tour et retourne dans le courant pour reprendre encore du fil. Incroyable, je ne gère rien du tout. Le monstre retraverse et va rejoindre un arbre désouché 70m en aval. Il est de mon côté mais la végétation m'empêche absolument de le rejoindre. Il faut une nouvelle fois tire sur la canne. Là je me dis que çà va mal finir!

Tout est bloqué, je ne vois même pas où est le poisson. Pourtant je sens encore ces mouvements. J'attends une minute en laissant un peu de mou à la ligne. Puis retire encore. Seulement, la banière fait un angle sur un tronc pendu à la verticale sur une énorme branche surplombante. Lors de la crue récente, le niveau est monté de près de 4m à cet endroit et de nombreuses branches et troncs se sont coinçés en hauteur dans les bois riverains. Après deux manoeuvres de ce genre la carpe est extirpée et je la treuille, le tronc vertical faisant office de poulie (vive la tresse...) Quelle galère ! Ne pouvant pas repasser l'axe vertical, je dois aller au poisson en grimpant sur un tronc. Je me retrouve en équilibre sur un énorme tronc à moitié immergé. Je ne sais encore pas comment je ne suis pas tombé à l'eau tant cela glissait... Ma banière fait un angle à 180° et j'arrive à faire monter la bête en surface pour l'épuiser tant bien que mal à bout de bras. Je coupe la ligne pour me sortir de cette situation ubuesque.

Il s'agit d'une belle miroir. Après pesée, ce poisson de 18,5kg affiche des nageaires pectorales et caudale impressionnantes. Je savais qu'il avait ce genre de carpes dans cette rivière. Mais je n'aurais jamais penser en prendre une si rapidement. En plus le combat, tel qu'il s'est passé n'aurait jamais dû me permettre de voir le "monstre"...

 

Novembre 2009

Nous sommes le 2 novembre. Je viens de passer 4 jours déjà à dérouler correctement sur cette rivière magique. Je commence à sentir la fatigue provoquée par les nuits agitées précédentes. La dernière qui viens de s'achever était la pire de toutes avec une pluie battante. La toile qui couvre mon parapluie n'a d'éfficacité que dans son camouflage et je suis trempé par les multiples gouttières qui coulent au travers... Qui plus est, j'ai dû me lever plusieurs fois pour gèrer les lignes à cause de 2 chevesnes, trois castors et quand même 5 carpes. Bref, je ne suis pas en pleine forme et bien humide !

La pluie s'arrête au lever du soleil. Cependant, le flot des intempéries a commencé à faire monter le niveau de la rivière qui restent malgré tout pêchable. Deux ou trois gros poissons ont brassé depuis le lever du jour, et j'espère mieux que les communes de 10kg prises cette nuit et ce matin. La tenue des lignes plombées à 160g commence à être remise en question par le courant et les feuilles automnales qui l'accompagne. A 9h30, je suis obligé de replacer une de mes 4 lignes, la plus éloignée, là où justement les bigs ont brassé. J'hésite à la remettre si loin, car je ne sais pas si elle pourra tenir longtemps. Je choisis une pose un peu plus près. Mais en buvant un café réconfortant, je réalise que c'est une erreur. Le spot doit absolument être pêché et je la relance de nouveau à bonne distance en ajoutant du READYMADE pour améliorer l'attraction, mais surtour sa tenue grâce au surpoids de la pâte d'enrobage.... Une vingtaine de White 20mm l'accompagne.

 

A 10h30, un départ fulgurant se produit sur cette canne. Au ferrage, la carpe me prend 30m de fil à contre courant ! Il est clair que je tiens un bloc de caractère. Un arbre surplombant en amont m'empêche même de voir où est ma banière... D'entrée, le combat est ingérable et je m'inquiètes déjà de son issue. Le fil est en poulie sur les branches et je tire tant bien que mal, puisque rien ne le bloque. Le fil sorti est récupéré, mais tout à coup tout se bloque sous ces branches qui en cache d'autres bien plus dangereuses dessous, sous l'eau... En quelques seçondes, je ne sens plus le poisson. Je pose la canne, le scion ne plie pas. La carpe est perdue. Après une telle nuit, c'est l'écoeurement. Au bout de quelques instants, je me décide à aller chercher le bateau accroché en aval par obligation topograhique. Mais avant cela, j'ai un doute. Je n'ai pas senti de décroches dans la canne. Par acquis de conscience je me glisse sur l'arbre surplombant et observe le fonds de l'eau claire. J'y vois un tas de branches et de racines enchevêtrées, mais aussi un bout de bois plus épais dont la partie terminale oscille lentement. Mon sang se mets à bouillir, la carpe est encore au bout et attends tranquillement (!?) au fond de l'eau. Ni une ni deux, je vais chercher la barque, récupère la canne sur le talus et vais au dessus de l'amas végétal. Il faut dégager le fil des branches surplombantes et de deux subaquatiques. A peine est-ce fait que le fish repart vers le large! J'ai juste le temps de me saisir de la canne avant qu'elle ne l'accompagne seule dans l'eau. Me voilà tracter vers le large. Là je me dit que çà va le faire, mais la diablesse sonde sous le bateau et rejoint de nouveau l'amas de branches. Tout est à refaire. Rebelotte, même scénario une fois le fil dégagé, la carpe repart pleine eau mais cette fois-ci avec la bonne idée de dévaler le courant. Elle croise bien sûr les 3 autres banières noyées. Après moultes acrobaties pour passer dessous, je suis enfin en contact direct et en pleine eau libre, mais toujours tracté par ce fish de fou furieux. Je dévale bien 50m et après trois tentatives d'épuisage, elle entre enfin dans le filet!!! Il s'agit d'un mâle de 20.3kg. Je ne réalise pas de suite que c'est le même poisson qui m'avait donné tant de fil à retordre dans d'autres souches noyées l'an dernier. Je l'avais pris à 18.5 et l'avais estimé au "taquet" à l'époque. En fait il a bien épaissi en largeur et est encore plus beau ainsi.

Au delà de son poids respectable, c'est surtout sa puissance et son "amour" pour les branches immergées qui me marque. S'il est vrai que le secteur recèle d'obstacles noyés, de tous les autres poissons, c'est bien le seul à les avoir ainsi chercher à tout prix.

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