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Bin El Ouidane Perle du Maroc

Si le royaume du Maroc possède déjà une solide réputation pour ses gros black-bass et ses truites sauvages des oueds perdus, il est à ce jour inconnu de la scène carpiste internationale. Et pourtant… Bienvenu sur l'un de ses nombreux lacs de barrage : le lac de Bin El Ouidane, un lac de 3700 hectares, qui héberge une population de carpes certainement unique au monde !

Depuis les années 1920, le Maroc avec l'aide technique française a mis en œuvre un programme de construction de barrages pour l'essentiel sur la partie nord de son vaste territoire afin de créer des réserves d'eau suffisante à la population et son agriculture. Aujourd'hui il existe de nombreux lacs de retenue allant de quelques acres à plus de 10 000 hectares ! Si quelques uns ont dès leur mise en eau, reçu un empoissonnement en carpes, certains n'en ont jamais vu la moindre écaille. Cependant quelques lacs ont connu cette bénédiction ces 20 dernières années. Dans beaucoup de ces eaux, les populations se sont multipliées, aidées par des conditions climatiques extrêmement favorable…Parfois trop favorable, elles ont subi des formes de nanisme, et dépasser les 10 kg est vraiment un exploit. Après avoir effectué de nombreuses recherches depuis début 2006, pour retrouver la trace de notre cyprin, j'avais sélectionné quelques uns d'entre eux en fonction de paramètres les plus favorables au développement des carpes en terme pondéral : climat, températures, environnement, biotope et profondeur. Seul 5 d'entre eux présentaient des caractéristiques intéressantes dont Bin El Ouidane. Bien sûr tout cela n'était que supputations et il fallait que je parte vérifier sur place. Début mai, je devais donc partir deux semaines en tester 3 en particulier. Malheureusement, les contacts sur place étant difficile à établir à distance m'ont incité à attendre quelques mois. Même les sociétés locales spécialisées tourisme pêche ne connaissant pas la pêche moderne de la carpe ne comprenaient rien à mes attentes. C'est alors qu'au hasard d'un forum spécialisé, je fis la rencontre d'un français résidant depuis 4 ans et carpiste de son état. Dans les dix minutes je lui fis parvenir un premier mail qui s'enchaîna sur beaucoup d'autres menant à l'organisation d'une session début décembre sur un grand lac que je n'avais pas retenu au départ d'ailleurs. Clément, mon contact avait plusieurs fois pêché cette eau remplie uniquement de miroirs avec succès (plus de 40 runs par jour), mais n'avait jamais dépassé les 12kg. Pourtant il entendait régulièrement sauté des « vaches » loin dans la nuit. Cà aurait été un bon début quoi qu'il arrive. Quelques semaines avant le départ, nous avons eu tout deux, presque en même temps, vent d'un autre lac abritant des fishs d'un tout autre gabarit. La différence entre lui et moi était que lui avait le nom de ce lac providentiel, pas moi… Après une première pêche fin septembre et un très bon score, il m'annonce le nom de l'endroit : Bin El Ouidane. Evidemment me dis-je alors ! Tout de suite il m'annonce qu'il va déménager et s'installer très près de ce paradis. Notre session commune se passera donc là-bas.

Voici donc en exclusivité pour les lecteurs de Carpe Magazine, le récit de notre session qui établit les prémices de ce qui va devenir dans les mois et années à venir LA destination carpe la plus prisée du monde.

Direction plein sud

Nous sommes enfin début décembre. Je suis dans un état d'excitation proche de mes premières pêches à la carpe il y a déjà…15 ans. Le 3 décembre je monte dans l'avion qui prend la direction de Marrakech au Maroc. Bien que tard en saison, j'ai bon espoir de trouver des conditions climatiques raisonnables dans cette province du royaume. Le voyage est éprouvant, car mis à part une grève je crois que j'ai eu la totale : changement d'avion à Lyon alors que nous avions embarqué pour problème technique (toujours encourageant…), contrôles sévèrement renforcés (bobines de fil refusées en cabine), correspondance extrêmement limite sur Paris, retards, le bagage des moulinets manquant à Marrakech (finalement débarqué dans l'avion suivant, ouf) et pour finir contrôle de mes bagages par la douane royale (que moi, un étui à cannes attire toujours l'œil). Heureusement Clément est bien là et m'accueille chaleureusement. Après quelques courses pour les jours à venir, nous prenons la route du Moyen Atlas, chaîne de montagne qui abrite le « précieux » (attention je ne m'appelle pas « Golum » !). Durant les 2h30 de trajet, nous conversons de tout cela. Internet, c'est bien pratique mais cela ne remplacera jamais un face à face (enfin côte à côte, c'est mieux en voiture). Il me raconte les deux autres sessions qu'il a effectué et m'explique que depuis son installation il est en cours de création de sa société : Maroc Carpe Aventure, qui permettra aux carpistes européens de pêcher d'ici peu le petit bijou. Le véhicule qui nous transporte est flambant neuf et il vient de commander plus de 20 000 € de matériel de bonne facture pour 10 pêcheurs. Quelqu'un qui investit à ce point et si rapidement, c'est, me dis-je alors, que cela doit vraiment en valoir le coût ; nous verrons bien.

Notre arrivée sur le lac se fait de nuit par des routes sinueuses parsemées de pierres, de marocains à pied, en vélo, en mulets et d'autres véhicules d'un autre âge appliquant un code de la route très local... Bref tout ce qui fait le charme du Maroc. A vivre absolument ! Au détour d'un virage, j'aperçois enfin l'immense nappe d'eau dans laquelle se réfléchit une magnifique pleine lune. La lumière bleutée laisse entrevoir des îles et d'innombrables pointes semblant déchirer le lac. Cela restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Nous passerons une première nuit réparatrice chez lui à Ouaouizaht, un village tout proche. Nous passons le vertigineux barrage gardé par des militaires armés jusqu'aux dents. A notre arrivée Samia sa compagne, Ali son ami berbère et quelques amis nous accueillent chaleureusement comme à l'habitude au Maroc. Après de longues conversations, la nuit sera finalement assez courte et c'est dès 9h00 le lendemain que nous prenons les permis nécessaires à mon séjour.

Bin El Ouidane, entre l'ocre et le bleu

Nous n'avons pas de plans précis pour cette session. C'est pourquoi nous débuterons par une valeur sûre, un poste que Clément a déjà pêché par deux fois avec succès en septembre et en octobre. Le lac n'est qu'à quelques encablures de Ouaouizaht, je découvre très vite le bleu profond du lac dans son écrin minéral aux milles couleurs. La queue du lac se laisse apercevoir en de multiples bras soit enfoncés au travers de falaises rocheuses étincelantes soit s'étirant entre des langues de graviers et de sable aux couleurs d'ocre. La surface lisse de l'eau s'entache de multiples îlots qui sont autant de hot spots. Après quelques kilomètres de routes typiquement marocaines, nous empruntons une piste qui nous mène vers une gigantesque baie de plusieurs centaines d'hectares. C'est là que je prends contact avec le lac pour la première fois en buvant de son eau parfaitement potable. Nous montons le bivouac sur une plage non loin de la pointe ouest séparant la fabuleuse baie d'une autre tout aussi grande. Face à la plage se situe un immense haut fond caillouteux culminant à 1.5m de la surface. Après un rapide sondage, nous plaçons nos batteries de part et d'autre de cet aimant à carpes. Nous exploiterons les profondeurs de 4 à 7 m qui ont déjà réussi à Clément. En soirée, une série de 3 petites communes se laissent piéger sur le flanc gauche que Clément occupe. Ce n'est qu'au lever du jour, qu'une de mes cannes démarre sur le flanc droit pour une commune très haute de 11.5kg. Un premier départ sur une nouvelle eau est toujours un grand moment. Quand c'est à 3000km de chez soit dans la clarté étrange d'une aube marocaine magique, c'est un rêve !

Premiers contacts

La première véritable journée de pêche apportera son lot de départs avec à la clef des carpes de taille moyenne uniquement sur le flanc gauche alors que mes cannes ne produiront que le lendemain à 4 h sur la même canne que la veille à plus de 8m de fond. Au petit matin, il est clair qu'il faut que je trouve une solution à l'écart de Clément sur la gauche. Je place deux cannes entre 11 et 13m de fond et une heure après ma première 15+ me gratifie d'un combat génial à vue dans l'eau limpide. Peu après un départ furieux fait fumer l'une des bobines de Clément. La canne qui affiche une courbe impressionnante ne peut empêcher le bloc de passer derrière un repère. Ni une ni deux nous montons dans la barque de 3 m pour nous sortir de cette mauvaise situation. Une fois arrivé sur zone à plus de 100m, la carpe sonde plusieurs fois sous la coque. Après une bataille homérique, j'épuise un poisson massif qui doit friser les 20kg. Une fois revenu au bord le peson affiche 19.8 pour cette commune massive, nous sommes aux anges pour ce 2 ème jour de pêche! L'après-midi, alors qu'aucun vent ne vient troubler le miroir incroyable de l'eau, la température frise les 30°c, pas mal pour un 6 décembre… Nous déroulons une douzaine de carpes oscillant entre 11 et 15kg avec une miroir à l'écaillage magnifique typique de Bin El Ouidane. Le soir venu, nous décidons de tout miser sur le flanc gauche en réamorçant largement la zone à l'aide d'une quinzaine de kilos de maïs. Alors que la nuit ne rapporte qu'un carpeau d'un kilo (l'avenir…), la matinée me permet de faire un doublé de 15+ dont une carpe de l' « espace » mi commune, mi miroir. Une dizaine d'autres communes entre 11 et 15 de forme haute agrémenteront notre dernière matinée sur le poste. En effet, l'activité, n'étant pas fabuleuse tout comme le poids moyen des prises, rien ne laisse augurer de la présence de poissons plus lourds sur la zone.

N'étant pas venu ici pour faire du rendement, mais pour découvrir ce lac, nous décidons de nous mettre en quête d'un autre poste où des poissons de bonne taille seraient présents.

Le véhicule est rechargé en fin de matinée et nous partons à la recherche d'un accès « carrossable » sur la partie amont du lac. Nous empruntons une piste plus adaptée à un Land Rover qu'à un Berlingo. Après avoir parcouru plusieurs kilomètres et franchît plusieurs fossés limoneux et autres barres rocheuses, nous débouchons au dessus d'une falaise offrant un point de vue imprenable sur la queue de Bin El Ouidane. Des îles, des pointes acérées, des dizaines de criques escarpées, de grandes baies sont à la fois à nos pieds et hors de portée. Nous ne pouvons nous aventurer plus loin au travers des plateaux sauvages sans risque majeur de non retour avec le véhicule chargé à bloc de matériel. Il est clair que Clément va devoir acquérir un moteur thermique pour accéder à cette meilleure partie du lac de plusieurs centaines d'hectares. Quelque peu déçus, nous devons nous résigner à rebrousser chemin. Ce sera pour une autre fois…

Un lac, milles possibilités

Au vu des profondeurs productives du premier poste (11 à 14m), nous allons chercher une solution proche de la zone du barrage qui accuse 120m de haut…Après avoir aidé des locaux à ressortir leur pick-up d'une mauvaise situation, nous restons coincer sur une piste trop pentu. Après plusieurs essais, nous rejoignons enfin la route. Finalement nous nous faufilons le long de blocs rocheux qui mènent à la dernière plage d'une grande baie avant la zone des grands fonds. En fin d'après-midi, Clément me laisse au pied d'un pan rocheux impressionnant au début de cette plage pour aller effectuer quelques ravitaillements. Pendant son absence, je peigne toute la zone à l'aide de son échosondeur. La plage émergée continue sous l'eau en pente douce pour casser à 100m du bord sur 12m. Ce grand plateau de plusieurs centaines de mètres de long est séparé par une fosse du fond de la baie et l'autre extrémité donne sur le grand large. Ce pourrait être une bonne zone d'interception durant les quatre jours de pêche commune qu'il nous reste. Je décide, mon hôte m'ayant laissé le choix d'exploiter le côté fosse. Clément tendra ses lignes en travers du plateau devant la plage. A son retour, nous effectuons un amorçage de zone sur la fin du plateau de 15kg de graines. Fatigué de cette journée, nous ne pêcherons que demain matin.

 

Vers 6h00 quelques sauts sur la droite m'extirpe de mes rêves de carpes les plus fous. Pendant que je bois un petit café chaud dans la pénombre, les « splatchs » qui s'intensifient en fréquence et surtout en puissance, commence à se produire un peu partout dans la grande baie. La clarté s'annonçant, je grimpe sur le pan de rochers derrière le bivouac pour contempler le spectacle. Des carpes dont certaines très lourdes provoquent de gros remous un peu partout. Il se passe quelque chose ce matin mais je ne sais pas quoi. Dès qu'il commence à faire jour je redescends réveiller Clément et nous déposons rapidement nos lignes comme prévu autour de l'amorçage de la veille. Le soleil apparaît à la cime des monts de l'Atlas et les montées de carpes s'estompent assez vite, sauf à l'opposé de notre poste côté plage près de la sortie de la baie. Il est déjà midi et rien n'est venu perturber le silence quasi absolu du lac. Je suis plus que perplexe, que s'est-il passé ? On dirait que les poissons ont disparu ! Je décide d'aller voir de plus près l'endroit où les derniers sauts se sont produits. La plage fourmille de coquilles d'escargots blanchies par le soleil, alors que je n'en ai vu nulle part ailleurs. Alors que je tente d'interpréter les fonds qui s'étirent devant moi ; j'entends au loin un « si » caractéristique de mes CarpSounders. « Bon sang, j'ai un run ». A plusieurs centaines de mètres, je vois mon Clément sortir comme un bouchon du biwy dans lequel il s'était assoupi. Caméscope au poing, tournant la tête dans tous les sens à ma recherche, il se saisit de la canne. Semblant apprécier l'action de ma Beast Master, je stoppe ma course effrénée pour le rejoindre tranquillement. Alors que je suis à 100m de lui, une autre note type Fox se produit. Cette fois c'est une de ses cannes qui déroule ! Me voilà à nouveau en course dans les rochers qui me séparent du bivouac. Au final, nous épuisons les deux plus petites carpes de la session, 6 et 7kg. Rien avoir avec les « babars » qui brassaient ce matin. Alors qu'un vent anormal se lève dans l'après-midi, nous enchaînons 5 poissons autour de 10/14 kg. Confiant nous abordons cette nuit avec l'espoir de toucher les « parents » de ces derniers. A partir de 2h00 et sous un crachin glacial en rapport de 25/30°c des jours précédents, une seule canne démarre régulièrement. Cette ligne bien à droite côté plage, que Clément a pris soin de placer la veille, offre 3 carpes d'une moyenne de 15kg. Comprenant que ces gros poissons se tiennent sur les fonds envahis d'escargots, nous déménageons dès le lever du jour sous un temps pourri après avoir fait quelques photographies.

Entre bleu et neige

Après quelques manœuvres périlleuses en voiture sur la plage rendue boueuse, bivouac et lignes sont en place vers 10h00. Rien ne se passe jusqu'à 17h00. Dès la tombée de la nuit, les départs s'enchaînent alors que le temps ne s'arrange pas du tout ! Clément ne déroule que sur la canne placée sur le même spot que la veille mais à gauche cette fois ci. Plusieurs beaux fishs dont des miroirs et une commune « grasse » de près de 21kg le récompenseront. Pour ma part, c'est la journée du lendemain qui m'offre 8 carpes de 13 à 18kg sur deux montages placés à 150m du bord à la limite du plateau. A nous deux, nous faisons une moyenne de 14kg en 24h avec une quinzaine de poissons de tous les types. Magic Bin El Ouidane ! Une anecdote apportera en plus son lot d'émotions au cours de cette journée mémorable. Alors que nous étions à 200m du bivouac sur le bateau entrain de ramener une belle commune emmaillotée dans l'épuisette. Un départ se produit sur ma ligne à côté de celle qui venait de démarrer. Mes moulinets n'étant pas remplis à bloc, peu de fil restait en fond de bobine alors que le montage était posé à 150m. Avec une batterie moteur bien fatiguée, nous nous « pressons » de regagner le bord. A mi-chemin de la berge, je vois soudain ma canne se placer à l'horizontal. Heureusement ou malheureusement selon les cas (certains se reconnaîtront…), je suis de ceux qui attache toujours le bout du fil au fond. Arrivé presque à terme, je confie ma première prise à Clément et saute dans l'eau en remplissant les cuissardes (super !) pour rattraper la Beast in extremis. La carpe qui a encore toute sa forme me donnera bien du fil à retordre, si j'ose dire, et sera épuisée quelques minutes plus tard : une commune bien musclée de 16kg qui a bien failli emmener ma canne.

Aujourd'hui la neige a blanchi tous les sommets autour du lac, mais le beau temps commence à revenir. Curieux spectacle que la neige au Maroc, alors que nous étions en short/tee-shirt il y a encore deux jours…L'hiver existe aussi ici, mais n'est pas aussi rude que chez nous en France. D'ailleurs le dernier jour de cette session découverte le soleil réapparaissant fera bien vite séché nos affaires. Cette dernière journée seules deux cannes à Clément pourtant placées à 20m de mes lignes productives la veille donneront encore 9 poissons jusqu'à 16,5kg. C'est avec difficulté qu'il est temps de plier les cannes.

Ma dernière soirée au Maroc se déroulera chez Ali. Ce marocain né sur le lac, d'une gentillesse rare par chez nous, m'a fait l'honneur de m'accueillir chez lui pour fêter la fin de notre session. Un repas de fête typique préparé par sa famille nous régalera pendant une excellente soirée que je n'oublierais pas. Merci à Ali, le « roi de la carpe » qui avec sa danse particulière provoque toujours un départ…Merci également à Clément de m'avoir permis de découvrir ce lac et ce pays extraordinaire.

Un potentiel unique en son genre

Durant cette semaine, malgré quelques 80 départs pour 61 poissons, la pêche aura été difficile dans le sens où sur huit cannes toujours placées à la main avec soin, seules deux ou trois étaient productives. Les profondeurs viables étaient plus importantes que lors des expériences précédentes de Clément. A l'arrivée de l'hiver, les carpes semblent se retirer des grandes baies pour des zones plus proches des grands fonds. Il est également notable que les bancs de la belle saison s'éclatent en petits groupes stratifiés plutôt volatile. 99% des postes sont inconnus et l'avenir de ce lac incroyable est bel et bien devant. D'ailleurs d'ici quelques semaines, Clément via sa société Maroc Carpe Aventure, accueillera plusieurs membres de l'équipe Carpe Magazine. D'autres postes seront testés à l'une des meilleures périodes. Présent sur place durant trois semaines, je ne manquerais pas de vous fournir dans un prochain numéro une analyse plus poussée pour dévoiler un peu plus les nombreux mystères du lac de Bin El Ouidane, la perle du Maroc.

Fabien Creux

Bin El Ouidane, le lac

Le barrage a été mis en eau en 1953. Construit sur deux rivières traversant un vallon du Moyen Atlas, l'édifice est impressionnant encastré entre deux pans d'une gorge vertigineuse. Il fût le premier de cette taille à assurer l'irrigation de plusieurs dizaines de milliers d'hectares du bassin de l'Oum er Rbia. Sa profondeur maximale est de 120m et il est le troisième plus gros volume du pays avec 1300 millions de m3 de réserve à son plein. Afin de préserver cette réserve, les autorités ont fait installé un système de récupération de l'eau en bas de la chute. Le précieux liquide qui n'est pas utile à l'irrigation de la plaine de Beni-Mellal est remonté dans le lac.

Situé à 180km de Marrakech et 200 de Casablanca, il peut être desservi depuis les aéroports en moins de trois heures par les routes nationales en bon état. A 800m d'altitude, le climat dont jouit la vallée du lac est particulier car peut exposer au vent du fait des montagnes qui l'entoure en tout points cardinaux. Seul des courants d'air (souvent tôt le matin et en début de soirée) viennent troubler le miroir parfois absolu de l'eau. L'été peut être très chaud avec plus de 40°c, tandis qu'au cœur de l'hiver les 10/15°c sont très courant. Cependant comme partout au Maroc, les nuits peuvent être fraîche même si il est très rare d'avoir des gelées. La partie proche du lac ressemble beaucoup à des paysages désertiques du Colorado avec des couleurs minérales éclatantes qui s'offriront à vos yeux contemplatifs en fin d'après-midi. Très peu d'arbres poussent près du rivage alors que des oliveraies s'insèrent dans la moindre combe fraîche des flancs montagneux. Plus haut sur les versants nord poussent de nombreuses forêts, royaume des sangliers très nombreux au Maroc.

Le lac mesure environ 10 km de long sur 4 de large à son maximum. Il est orienté ouest/est (vents dominants). Son rivage est très découpé et l'accès très limité en véhicule. On pourra trouver tous les profils de postes imaginables : des baies immenses très ouvertes avec fosses et hauts fonds, d'autres plus petites aux pentes abruptes, d'innombrables pointes rocheuses ou sableuses, des îles de toute taille et de tout type dans des baies peu profondes comme au large près des plus grands fonds. Ce sont donc des centaines de postes qui sont susceptibles de donner du poisson suivant les niveaux d'eau (marnage d'une amplitude de 15 à 20m à priori…). Les carpes semblent nombreuses car il s'en voit sauter de partout, en fond de baie comme en pleine eau au dessus de profondeurs vertigineuses et ce dans les mêmes périodes journalières. Elles semblent bouger beaucoup. Ma première interprétation me laisse penser qu'elles sont constamment en quête de nourriture. En effet au vu des poids moyens et de l'embonpoint de certains individus, le lac doit largement offrir une nourriture suffisante. Cependant les substrats sont très différents d'un endroit à l'autre et donc la faune benthique également, ce qui justifierait ces déplacements réguliers de groupes de carpes. Alors que je n'ai trouvé aucune trace de la présence de bivalves, de nombreux escargots semblent apprécier les fonds terreux des baies de profil plat. C'est sur ce type de substrats que nous avons visualisé à l'échosondeur des touffes isolées d'herbiers montants alors que dans la plupart des fonds sablo caillouteux seul des herbes genre « pelouse » de 10/15cm sont présentent. L'écrevisse américaine importée au Maroc tout comme la carpe, est représentée dans le lac mais il est difficile de savoir dans quelle proportion. Nous n'en avons vu qu'une en cette saison tardive et sur zone peu enrochée. Il est possible que le « homard d'eau douce » ait plus investi les rivages rocheux qui offrent de nombreux éboulements. Au-delà certaines portions plus ou moins vaseuses servent de pépinières à larves d'insectes dont le poisson doit se gaver quand l'eau est chaude. La température de l'eau ne descend jamais en dessous de 10°c et peut culminer à 28°c au cœur de l'été. Cependant de grands fonds (+ de 20m) presque partout sur le lac garantisse une eau fraîche à tous les poissons. En dehors de la carpe, seuls la tanche et les gardons entrent en concurrence alimentaire. Mais il n'ont que peu d'influence sur la biomasse, surtout quand on sait que nos cyprins sont majoritairement dans la catégorie 10/14kg. Quand un groupe débarque sur un amorçage, il y a du ménage ! Nous n'avons pris qu'une seule tanche en 8 jours et les bips intempestifs ont été rare. Par contre plusieurs carpeaux de deux générations différentes (1 et 3kg) ont réussi à se faire prendre en général à la tombée de la nuit. Le frai sur Bin el Ouidane ne fonctionne pas tous les ans. Même si les cyprins se regroupent en mars/avril pour se reproduire dans les grandes baies où l'eau a vite fait d'atteindre les 18°c fatidiques, leurs œufs ont bien du mal à se fixer et à être fécondés puisque il y a très peu d'herbiers. De plus comme dans tous les lacs marocains, le black-bass est fortement représenté (jusqu'5kg+ !) et doit nettoyer rapidement les pauvres alevins qui sont tout de même arrivés à terme. Ajoutez à cela la présence importante des brochets de grosses tailles (20kg+ : le record du monde nage probablement dans un lac marocain comme Bin el Ouidane !), et les quelques survivants risqueront leur vie jusqu'à un poids d'au moins 2kg en n'ayant que très peu de caches. Une forme de sélectivité naturelle permet donc au lac de posséder une population en carpes équilibrée. Cette population est relativement jeune puisque de source sûre son empoissonnement date de 1993. La souche la plus courante est dite hongroise de forme haute à « bosse ». Proche de la souche roumaine… elle présente un potentiel de grossissements effarants (énormément de 15/20 sont très jeunes). De plus sur les 60 poissons pris lors de cette première session test, beaucoup d'autres souches sont apparues, garantissant ainsi un brassage génétique très encourageant. Sachant que plusieurs carpes de trente kilos ont  malheureusement été capturé par des pêcheurs professionnels, que le record officiel à ligne est désormais de 33.4kg, que beaucoup de 20+ sont présentes, il va s'en dire que l'avenir est bien devant nous.

Sans parler de poids ce qui est toujours rédhibitoire concernant la pêche en grand lac sauvage…, on peut prendre à Bin el Ouidane la miroir de sa vie du point de vue beauté. En effet, absolument toutes les miroirs (5% de la population) affichent un écaillage unique et splendide. Des linéaires aux fullys, on trouvera des types intermédiaires de toute beauté avec des écailles dorées et blanches de forme absolument incroyable. Tout comme les communes, elles offrent toutes les formes imaginables de la plus haute à la Torpédo.

50% des 3700 hectares du lac sont encore méconnus, Bin El Ouidane renferme des trésors qui apparaîtront dans les années à venir, car il est certain que des carpistes du monde entier vont continuer d'affluer (tant que les prestataires pourront proposer la pêche sportive...) pour pêcher ses incroyables carpes dans le cadre somptueux des montagnes de l'Atlas.

 

Comment pêcher le lac de Bin el Ouidane, la perle du Maroc

Au vu des difficultés à acheminer tout le matériel nécessaire à une pêche efficace (bateau obligatoire), le réel besoin en volume d'appâts et la législation locale contraignante, il est nécessaire de passer par la société Maroc Carpe Aventure pour vous garantir une pêche sans soucis dans cette province berbère. Clément et ses employés vous garantiront un séjour inoubliable et réussi, et ce en toute saison grâce à des accords passés avec les instances locales. Au tarif de 500 € la semaine, ils vous offrent le transfert de l'aéroport (Marrakech ou Casablanca) jusqu'au lac. Via un camp de base ou de son logement (chambre et lits disponibles si arrivée trop tardive), vous serez acheminé par voiture et/ou bateau sur un poste de votre choix (Clément saura vous conseiller suivant la saison). Les permis nécessaires sont inclus au tarif. Tout l'équipement indispensable et de bonne qualité (exemple : 3 cannes Léon Hoojendijk + 3 moulinets Daïwa Emblem pro sur piques et détecteurs) à notre pratique vous sera fourni ainsi qu'un kit no-kill complet (épuisette, peson, tapis, sacs). Les repas préparés par leurs soins seront livrés tous les jours. Seul les appâts ne sont pas compris. Comptez 50€ les 80 kg pour deux pêcheurs par semaine. Fèves ou cacahuètes peuvent également s'envisager. Des bouillettes « Bin el Ouidane » sont désormais proposées pour d'autres approches et peut être d'autres poissons… Un simple sac à dos avec vos affaires personnelles (n'oubliez pas un bon équipement contre le soleil, très généreux en toute saison), un appareil photo, quelques plombs et les accessoires nécessaires à la confection de montages, vous voilà parés pour peut être la pêche de votre vie au Maroc…

Du point de vue formalités, vous devez être en possession d'un passeport encore valide dans les trois mois qui suivent votre entrée au Maroc. N'oubliez pas également une carte de paiement internationale (visa ou master).

Pour tout renseignements ou demande particulière :

Contacter Clément au 06 62 13 68 12 ou par mail :

clement@maroc-carpe-aventure.com

Sinon le site www.maroc-carpe-aventure.com vous présentera le lac et les services proposés.

 
 

Hydrographie du Maroc

Si le territoire marocain est très étendu du nord au sud, la partie méridionale appelé Sahara occidental ne possède pas de lacs. Cependant l'immense zone désertique abrite en son sol de grandes quantités d'eau par endroits. Bien des zones marécageuses apparaissent et disparaissent au gré des précipitations ; et il ne faut souvent pas creuser bien loin pour trouver l'or blanc qui donne naissance à de nombreuses oasis. Cependant les sols sablo rocailleux et le soleil brûlant ne s'accommodent guère à une quelconque agriculture.

C'est donc au nord entre la côte méditerranéenne et le haut Atlas que l'on va trouver la majorité des grands lacs de barrage qui permettent l'irrigation des terres fertiles sur trois bassins principaux, ceux des fleuves Sebou, Oum er Rbia et Moulouya. Depuis 1929, le royaume n'a cessé de tenter de retenir l'eau qu'une météorologie capricieuse déverse sur les chaînes montagneuses du Rif et de l'Atlas. A ce jour, ce sont plus de 100 lacs de barrages qui forment une réserve bienveillante à la population. Le dernier en date mis en eau en 1997, couvre pas moins de 10 000 hectares, un véritable titan extrêmement surveillé par l'armée. En effet, toutes les retenues sont classées très sensibles par le roi, telles nos centrales nucléaires. Si pour certaines, il reste néanmoins possible de s'en approcher, il est formellement interdit d'en prendre le moindre cliché sous peine de sévères sanctions…

Au-delà des lacs de barrages et des trois cours d'eau principaux, le Maroc possède également une poignée de lacs naturels essentiellement dans la région d'Azrou. Ces plan d'eau appelé aguelman ou dayet sont sujets à de fortes de variation de niveau suivant les années. Enfin de nombreux torrents appelés oued dévalent les versants montagneux. Souvent dans des gorges encaissées et difficiles d'accès, leurs débits peuvent être très variables.

 

Le Maroc, un royaume

Respect des valeurs du MarocLe Maroc est gouverné sous un régime monarchique. Le roi Mohammed VI, fils de feu Hassan II, règne avec l'aide de ministres qu'il nomme sur les 41 provinces elle-même supervisées par des gouverneurs. Les régimes de communes au-delà des grandes villes sont administrés par des cercles ou des caïdats composés de membres influents localement. Ainsi fonctionne le pays. Tout marocain respecte son souverain bienveillant. Le sujet doit donc toujours être abordé avec réflexion. La religion islamique est dite d'état, mais le Maroc respecte toutes les autres religions. Il convient donc d'en être tout aussi respectueux.

Les traditions perdurent et tout étranger sera accueilli chaleureusement même par des hôtes ayant de très modestes moyens. Ainsi tout en se déchaussant, vous pourriez être convié à partager un repas et refuser un thé à la menthe serait mal perçu. Respecter le royaume et son peuple sera gage d'un séjour inoubliable. Le pays jouit d'un emplacement géographique particulier. Il est une interface entre l'Afrique et l'Europe. Soumis à divers climats, il offre des biotopes extrêmement variés allant des sommets à plus de 4000m enneigés toute l'année au désert de rocailles ou de dunes en passant par de vastes plaines agricoles. Les climats sont tout aussi divers, tropical entre Laâyoune et Dakla, méditerranéen sur le Rif, atlantique chaud entre Agadir et Rabat, alpin sur la province d'Ifrane, saharien à l'est du pays. Si il peut faire plus de 43°c, en plein été, l'hiver restera doux en dessous des 1000m d'altitude sur la plupart des régions.

Le royaume du Maroc est un véritable diamant dont toutes les facettes brillent de couleurs différentes qu'une vie ne saurait suffire à découvrir.
 

Le Maroc au quotidien : infos pratiques

le charme des villesLe pays est sous fuseau horaire GMT et ne change pas d'heure l'été. On aura donc une heure de décalage sur la France l'hiver et deux l'été. Pour voyager, le mieux est de prendre l'avion qui porte la plupart des villes à deux ou trois heures de vol. De nombreux vols sont en partance de la plupart des grandes villes françaises pour Tanger, Fès, Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir ou Ouarzazate (compter 200 à 400 €). Sinon il est tout à fait possible de s'y rendre en voiture via un bateau au départ de Sète (réserver longtemps avant) ou Algésiras (nombreuses places) en Espagne. Cependant il faut compter 24 à 48h pour arriver suivant votre destination (2 à 4000km de routes parfois difficile) et le service des douanes est particulièrement zélé… Pour pénétrer au Maroc, il est obligatoire d'être en possession d'un passeport valable encore 3 mois. Pour voyager au travers du pays, on peut louer une voiture sur place (le mieux est de réserver de France pour éviter toute surprise…). Le réseau routier se résume à une autoroute nord-sud, de grandes nationales plus ou moins entrenues (en voie d'amélioration) et une multitude de routes et de pistes secondaires à emprunter avec prudence. On évitera de rouler la nuit, un mouton égaré, une pierre sur la chaussée, un trou inattendu sont autant de raisons d'apprécier les paysages à la lumière du jour…

des paysages à découvrir...La gendarmerie royale et la police, omniprésentes par de nombreux contrôles à l'entrée des villages, veilleront toujours à vous assurer sécurité (bien s'arrêter au panneau et attendre que l'on vous demande d'approcher). Le code de la route est à peu près le même qu'en France, si ce n'est que beaucoup de conducteurs l'adapte suivant la situation… Toujours rester vigilant, surtout aux deux roues, piétons et nombreux mulets avec qui vous partagerez la chaussée dans tout endroit même paraissant désertiques…Sinon il reste le bus ou les « grands taxis » Mercedes de tout âge à ceux qui veulent des souvenirs impérissables.

Pour le commerce, on utilise toujours la monnaie locale, le Dirham (1 €=10.5 D) en engageant une négociation typiquement locale. Tout marocain peut s'improviser bon commerçant…et c'est de tradition. Un pourboire pour certains services sera grandement apprécier (1 à 3 Dirham en général)

Pour communiquer au Maroc, le portable est un outil très utile. Le réseau est pour ainsi dire plus performant qu'en France. Tout comme Internet qui sera accessible dans les nombreux cybercafés.

Comme tout bon voyageur, il sera parfois nécessaire de s'adapter à certaines pratiques auxquelles on n'est pas habitué en Europe. Mais c'est bien là l'intérêt d'un voyage. Découvertes et nombreuses surprises vous attendent si vous sortez des grands classiques…

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